Le développement international de Smart : pourquoi et comment ? 

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Aujourd’hui, Smart est présente dans sept pays : La Belgique (berceau du projet en 1998), la France (depuis 2007), mais aussi l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche et la Suède. Très peu d’entreprises sociales ont réussi un développement à l’échelle d’un continent, voire plus.  

Ecoutez l’interview de Sébastien Paule, directeur du développement

Pendant ses dix premières années (de 1998 à 2008), Smart s’est développée rapidement en Belgique. Ce succès l’a incité à essaimer son modèle en France dès 2008. Aujourd’hui Smart France et Belgique constituent un ensemble où les directions et les équipes sont communes aux deux pays. 

En 2020, ce que l’on dénomme développement international pour Smart France et Belgique c’est deux choses: 

  • Des initiatives qui s’amorcent dans des pays le plus souvent en dehors de l’Europe où des porteurs de projets nous contactent pour s’inspirer du modèle Smart et tenter de le répliquer. Ces dernières années, des initiatives ont plus ou moins avancé en Australie, Canada, États-Unis, Maroc, Finlande, Angleterre, Chili, Corée du Sud… notre accompagnement vise à faciliter des études préalables et des recherches de financement; 
  • Dans cinq pays (Espagne, Italie, Suède, Autriche, Allemagne), Smart est un partenaire fondateur d’une entreprise de l’économie sociale qui permet aux travailleurs autonomes de développer leur activité dans un cadre sécurisé. Ces partenaires ont amorcé Smart dans leur pays auprès du secteur créatif et cherchent à se développer auprès d’autres publics. L’enjeu pour ces structures reste de trouver le bon modèle économique qui tienne compte de la dimension sociale du projet.  

Quelle histoire du développement international de Smart? 

On peut distinguer trois phases qui permettent de décrire l’historique du développement international de Smart :  

Une 1ère phase, de 2007 à 2015 qui correspond à un amorçage et à un essor rapide:  

Cette période se caractérise par une certaine forme d’empirisme, l’appui sur des réseaux pour faciliter des rencontres et identifier des porteurs de projets potentiels dans plusieurs pays d’Europe.  

Tout débute en France en 2007, où de nombreux partenaires sont identifiés sur plusieurs territoires afin de parvenir à couvrir rapidement le pays. Les partenaires et le projet français prennent très tôt un positionnement assumé dans l’économie sociale et solidaire.
La France à peine lancée, Smart Belgique multiplie dès 2010 des rencontres et apporte des moyens nécessaires à des études de préfiguration dans plusieurs autres pays européens. Pour accompagner cette effervescence, une équipe et des moyens se mettent en place au sein de Smart. 

Une seconde étape, de 2015 à 2019, qui structure ce réseau international:  

À partir de 2015, Smart est installée en Belgique, France, Autriche, Allemagne, Suède, Hongrie, Pays-Bas, Espagne, Italie. 

France et Belgique amorcent une « fusion » et multiplient les mutualisations. Dans les sept autres pays, se sont mises en place des structures à but non lucratif ou coopératives, où Smart est un partenaire, déterminant sur le plan des apports financiers ainsi qu’une ressource de par son expérience. 

Le plus souvent, un bureau est installé dans la capitale du pays, excepté en Espagne où Smart est opéré en lien avec un groupe coopératif qui dispose déjà de plusieurs sites et d’une activité importante.  

La période 2015-2019 permet de mieux formaliser la relation entre ces partenaires et Smart Belgique, tout en visant la convergence des modèles et des services. 

Les différentes Smart connaissent de fortes croissances, le développement d’une vie coopérative, la structuration des services et d’un métier.  

La 3e période démarre en 2020 et vise à rendre plus autonomes les partenaires internationaux: 

Depuis 2020, les éléments économiques deviennent déterminants, il est nécessaire que les cinq Smart en dehors de la France et de la Belgique, atteignent le point d’équilibre économique à la fin de l’année 2023. Les conseils d’administration belges ont voté un soutien unanime au projet d’essaimage européen entamé depuis 2010 à la condition que l’efficacité économique se conjugue avec le projet social de Smart.  

Les bureaux Smart aux Pays-Bas et en Hongrie sont mis en sommeil; ces deux pays n’ont pas trouvé (encore) leur public et il faudrait y consacrer des moyens que nous préférons concentrer sur l’atteinte d’un équilibre économique en Espagne, Italie, Suède, Allemagne, Autriche.  

Pourquoi Smart a souhaité se développer en dehors de la Belgique? 

Tout d’abord, ce développement en dehors de la Belgique n’aurait jamais été possible sans le succès initial de Smart et sa croissance rapide. D’autres facteurs, liés au positionnement de la Belgique en Europe, ou à la mobilité des membres ont, aussi, été déterminants.  

La raison principale de l’internationalisation de Smart est que sa raison d’être est un projet de transformation sociale qui répond à des besoins qui sont communs à de nombreux contextes dans le monde. Dès lors, pourquoi ne pas apporter cette réponse, ailleurs qu’en Belgique?  

Smart est un projet d’innovation sociale qui vise à transformer le monde du travail et qui doit se projeter à l’échelle européenne, voire mondiale, pour un changement systémique.  

Si on creuse les apports et les raisons de l’internationalisation de Smart, on distingue trois domaines complémentaires: 

  • Des raisons politiques, en lien avec le plaidoyer de Smart:  

En effet, une présence de Smart à l’international prouve que ce n’est pas seulement un épiphénomène belge, mais une « solution » universelle. Il est évident que l’aura, le poids de Smart n’est pas le même si l’on parle d’un projet franco-belge ou d’une aventure qui a fait ses preuves dans sept pays, et en cours de lancement aux États-Unis, Australie, Canada, Corée du Sud… ; en outre, il existe peu d’entreprises issues de l’économie sociale qui ont prouvé leur capacité à se développer dans plusieurs pays, voire continents. 

  • Des raisons opérationnelles et économiques: 

De façon très pragmatique, la mobilité des membres est un fait indiscutable et une présence dans plusieurs pays permet de faciliter cette mobilité. Par exemple, en Autriche et en Allemagne, nos partenaires sont soutenus sur ce volet et animent des « Helpdesk » dédiés aux questions de la mobilité internationale des travailleurs.  

Aussi, les engagements de Smart en dehors de la Belgique peuvent être vus comme des investissements patients sur des marchés qui pourront très bientôt constituer des relais de croissance pour Smart Belgique. 

  • Enfin, cet essor en dehors des frontières belges, est une occasion pour mettre en place un réseau permettant de tester, d’expérimenter. 

Ainsi, des contextes territoriaux différents apportent de nouvelles idées, des tailles de projets plus petites permettent d’expérimenter et tester des choses… le développement international de Smart est aussi son espace de recherche et développement. 

Dans quelle approche Smart s’est développé en dehors de la Belgique? 

La volonté de Smart Belgique a toujours été de co-construire un projet ancré localement avec des partenaires, des porteurs de projet qui connaissent leur contexte, leur marché et qui souhaitent s’inspirer et s’appuyer sur la réussite belge pour développer une solution similaire.  

En effet Smart répond à des sollicitations: le besoin est identifié, il est aussi présent en Allemagne, en Espagne… qu’en Belgique. Ce besoin reste à concrétiser et la preuve de concept apportée par la réussite de Smart en Belgique est souvent un « levier » nécessaire.  

Le groupe franco-belge a donc une posture de cofondateur, de partenaire, mais aussi d’investisseur. Comme dans bon nombre d’entreprises sociales, Smart vise à se développer pour avoir un impact social plus étendu, en conciliant un équilibre économique au service d’un projet social afin de réaliser son ambition transformatrice.  

 

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