Le monde du travail en 2021…que retenir ?

Un oeil sur le monde

Si vous avez fait le choix d’un long et profond sommeil, car vous en aviez (légitimement) marre d’entendre parler de ce mot qui commence par C et se termine par D, on vous livre une courte sélection, forcément arbitraire et incomplète, le tout en un peu plus de 5.000 caractères de quelques tendances et évènements à retenir pour ce qui concerne le monde du travail en 2021.

Et à vrai dire, cela ne commence pas sous de très bons auspices, car, après les espoirs d’évolution vers plus de solidarité, de reconnaissance, de démocratie et de justice sociale, il faut reconnaitre que les changements structurels ou systémiques tardent hélas à arriver et qu’il y a encore beaucoup de… travail!

Ainsi, dans le dernier rapport du Laboratoire mondial sur les inégalités, on apprend que la crise liée au covid-19 a même exacerbé un peu plus encore les inégalités. Pour ce qui concerne le monde du travail, les inégalités de genre demeurent hélas très élevées : au niveau européen, les femmes perçoivent seulement 33% des revenus du travail, à peine plus qu’au niveau mondial (38%). Toujours selon le même rapport, les femmes n’accèdent pas aux mêmes emplois et horaires de travail que les hommes, certainement du fait de multiples préjugés et discriminations encore persistantes.

L’année 2021 a sans doute été aussi celle d’une meilleure prise de recul, celle liée à l’adaptation de l’organisation du travail et des ressources humaines des suites des chamboulements intervenus au printemps 2020 qui avaient pris le monde entier de court. Après le télétravail obligé, les horaires qui se sont étirés à n’en plus finir et les pertes de sens et de liens, cette année a permis de tirer de nombreux enseignements et de commencer à « faire le tri » entre ce qui était souhaitable de poursuivre et ce qui ne l’était pas. Loin de là l’idée d’affirmer que tout va pour le mieux en 2021, que le bien-être des travailleur·euses est au beau fixe et que nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux soubresauts, mais la mise en avant des bonnes pratiques mêlant les avantages des différentes formules de travail (entre présentiel et virtuel) devrait être poursuivie et encouragée. Et si le télétravail forcé avait permis de prendre conscience de l’importance des vraies relations humaines, pas uniquement celles qui font appel à des canaux virtuels, mais celles qui autorisent l’intelligence de la coopération ?

En matière de conditions de travail, celles et ceux qui ont continué à faire énormément parler d’eux au cours de ces derniers mois : ce sont les travailleuses·eurs de plateforme. Toujours autant malmené·es par ceux qui continuent à prétendre ne pas être leur véritable employeur, une lueur d’espoir est apparue en cette fin d’année avec la directive européenne visant à clarifier le statut professionnel des concerné.es, une gestion des algorithmes permettant de garantir un suivi plus humain des conditions de travail ainsi que la création d’un droit de contestation des décisions automatisées et plus de transparence quant à la gestion des données. Reste à voir comment chaque État membre de l’UE se saisira de ceci pour l’intégrer dans sa législation sociale. En Belgique en tout cas, le dernier fait judiciaire n’est pas très rassurant en ce qu’il va à l’inverse de nombreuses jurisprudences rendues dans d’autres pays et qui plaidaient pour reconnaitre le statut de salarié.es aux travailleurs·euses concernées…

En attendant, on entend presque partout la même rengaine des suites d’une reprise économique forte presque tout au long de l’année 2021 et d’une baisse mondiale importante du chômage : manque de main-d’œuvre, pas assez de personnel qualifié, difficultés de recrutements, etc. Les vieilles solutions ressortent des placards : plus de contrôle des chercheur·euses d’emploi, plus de formation aux métiers en pénurie, plus de… plus de… salaire… euh non pardon, pas pour tout de suite alors que les dividendes eux n’auront jamais été aussi importants. Et si on tentait de nouvelles approches comme “la garantie emploi ou l’arme sociale du Green New Deal” défendue par Pavlina Tcherneva?

Un peu de positif quand même pour terminer ? On voit apparaitre de plus en plus d’expérimentations sociales intéressantes, comme sur le thème de la diminution du temps de travail qui sera testée à grande échelle en Espagne. De nouvelles formes de « faire entreprise », en particulier coopératives, émergent dans tous les secteurs et gagnent en importance notamment grâce à leur résilience en ces temps troubles: continuons à les soutenir pour faire de ce modèle alternatif, le modèle dominant. Le premier forum mondial sur la démocratisation du travail a réuni virtuellement sur plusieurs jours des centaines de personnes (académiques, politiques, syndicaux, monde de l’entreprise…) du monde entier pour faire émerger les idées sur ce thème. L’entrepreneuriat et notamment solidaire/partagé a le vent en poupe un peu partout et dans tous les secteurs en ce qu’il constitue une réponse pour celles et ceux en quête d’autonomie et de sens dans leur travail.

2 réponses sur « Le monde du travail en 2021…que retenir ? »

Merci SMART pour ce tour d’horizon 2021 à la fois inquiétant mais aussi inspirant. Comme vous le souligné très justement l’enjeu principal, pour les mois et années à venir, réside dans notre capacité à rendre de nouvelles formes entrepreneuriales centrées sur l’humain dominantes.
Moi j’y crois !

Rdv en 2022…

Merci Franck, si on est plusieurs à y croire, on va y arriver n’est-ce pas?! Au plaisir de vous lire sur nos réseaux

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