Sarah de Heusch, 6 février 2023
Smart est l’un des membres fondateurs de l’ICETT, l’International Cooperative Entrepreneurship Think Tank de l’Alliance Coopérative Internationale (ACI). En ce début février 2023, les membres, une quinzaine de coopératives actives sur quatre continents, se réunissaient pour la première fois en présentiel depuis la pandémie. Pour marquer le coup, les coopérateur∙es se sont retrouvé∙es au Pays basque espagnol, cœur du fief de Mondragon. Pour celleux qui ne connaissent pas, Mondragon est le plus grand groupe industriel coopératif du monde. Cette 11e rencontre de l’ICETT a été l’occasion, avec une nouvelle présidence, de faire le point sur ses objectifs, ses réalisations et de penser son programme pour les deux prochaines années. Ceci s’est déroulé dans différents lieux de Mondragon, agrémenté de visites de coopératives du groupe et présentation du modèle1.
L’ICETT, ses missions, ses réalisations
L’objectif du Think Tank est de permettre une meilleure interconnaissance entre coopératives afin d’échanger de bonnes pratiques, promouvoir la coopération entre ses membres, tirer parti de l’entrepreneuriat coopératif et inspirer l’entrepreneuriat coopératif chez les jeunes. Pour ce faire, il y a trois ans, quatre groupes de travail ont été créés, chacun coordonné par une coopérative et facilité par l’équipe de l’ACI.
Le premier groupe intitulé Future of Work (en lien avec l’Objectif de Développement Durable ‘ODD’ n°8) est porté par Smart.
Le deuxième aborde les droits humains dans les chaînes de valeurs coopératives (en lien avec l’ODD n°12) via la coordination de la coopérative S Group (SOK) en Finlande.
Le troisième monitore les coopératives au plan mondial et en lien avec le climat (en lien avec l’ODD n°13) grâce à EURICSE qui publie chaque année le World Cooperative Monitor.
Enfin, le quatrième groupe traite de l’identité et de l’avantage concurrentiel coopératif, porté par Mondragon.
L’avantage coopératif: le thème des travaux des prochaines années
Avec la nouvelle présidence de l’ICETT, il a été décidé de réduire le nombre de chantiers pour concentrer les efforts autour d’un seul thème. Après en avoir débattu, les membres de l’ICETT se sont accordés pour focaliser les travaux sur le thème de « l’avantage coopératif », qui permet de sensibiliser autant les citoyen∙nes que les pouvoirs publics aux solutions coopératives et surtout de faire savoir à quel point ces modèles sont adaptés pour accélérer la transition environnementale et juste socialement.
Dans les mois à venir les groupes de travail finaliseront ce qu’ils ont commencé et feront le lien avec cette nouvelle thématique. En ce qui concerne le groupe sur le futur du travail, porté par Smart, il s’agit principalement d’intégrer un chapitre supplémentaire dans le rapport en cours de finalisation sur la COVID, ses effets sur le monde du travail et la plus-value coopérative. Nous ferons des propositions pour assurer la continuité des travaux du groupe dans la réflexion plus large sur l’avantage coopératif.
Le rôle d’un think tank n’est pas seulement de produire et partager des connaissances, il s’agit aussi de les diffuser largement et surtout auprès des instances politiques afin d’influer les contenus et favoriser l’adaptation des législations. De ce fait, il est nécessaire de prendre en compte l’agenda politique. L’ICETT étant un groupement international, les Nations Unies sont un interlocuteur privilégié. Leur Secrétaire général António Guterres a déjà reconnu et salué les coopératives dans leur contribution aux objectifs de développement durable3. En septembre 2023, l’institution fêtera le 75e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits humains (DUDH), ce sera l’occasion pour l’ICETT de rappeler et consolider l’intérêt des coopératives pour mettre en place les objectifs de développement durable (qui sont loin d’être atteints en 2025) et ses suites.
Mondragon et son modèle inspirant
La rencontre de l’ICETT était aussi l’occasion de consolider les liens entre membres et de s’inspirer de l’écosystème vertueux créé par Mondragon qui a réussi à mettre en place depuis les années 1950 un tissu d’entreprises organisé en quatre groupes sectoriels : la finance, l’industrie, la distribution, et la connaissance avec des aires de recherche et de formation. Les travailleur∙euses de la coopérative parlent avec engouement de leur coopérative et de comment iels travaillent, coopérent, mangent, vont à l’école ou à l’université coopérative et partent à la retraite avec un complément de protection sociale coopératif. Il ne manque plus que le funérarium (et peut-être qu’il existe) ! Nous avons rencontré des élu∙es de la ville Donostia San Sebastian qui accueillent avec enthousiasme cette manière de faire économie et société autrement, l’encourage via des cadres et financements adaptés. Leur intérêt est tel que cette année, Donostia San Sebastian est la capitale espagnole de l’économie sociale et solidaire.
Entendre parler de ce monde coopératif était édifiant, et même si tout n’y est pas parfait, c’est encourageant de voir un écosystème coopératif aussi abouti. C’est un excellent exemple de mise en pratique du principe d’intercoopération entre coopératives, tout comme l’ICETT.